Greg Runner

Les secrets de Greg Runner : le coureur aux multiples défis

Grégory, plus connu sous le pseudo de Greg Runner est blogueur. Il tient un blog sur la course à pied et le trail depuis 12 ans mais est avant tout coach de course à pied et de trail. Depuis plusieurs années, il enchaîne les défis sportifs les plus insolites. Il nous dévoile ses secrets pour aller toujours plus loin, sans jamais se blesser. 

Comment t’es-tu mis à la course à pied ? A quoi ressemble ta pratique au quotidien ? 

J’ai toujours été sportif. Après avoir suivi une formation en Fac de Sport (STAPS), j’avais un peu l’overdose du sport. J’ai travaillé en agence de communication et j’ai commencé à prendre du poids (trop). Un jour, j’ai eu un déclic en me découvrant “gros” sur une photo et j’ai décidé de reprendre le sport et retrouver une silhouette mais aussi un poids sain (j’étais en surpoids). 

Je savais que pour retrouver la forme, il fallait que j’adopte à nouveau une alimentation saine et que je pratique à nouveau une activité sportive. La course à pied a été la manière la plus simple pour me remettre à l’effort. J’ai alors décidé de m’inscrire au semi-marathon de Paris pour me motiver à courir. Fort de mon bagage universitaire sportif et cette motivation, j’épinglais 3 mois après mon premier dossard avec 8kg en moins. Depuis, je ne me suis plus arrêté!

As-tu toujours eu une bonne hygiène de vie ?

Depuis, j’ai une bonne hygiène de vie. En tant que coach, j’applique ce que je recommande à mes coureurs. J’organise mes entraînements de la même manière avec une progressivité, de l’échauffement, des phases de récupération, une alimentation adaptée, des séances de renforcement musculaire, des étirements…

Mais il ne s’agit pas d’avoir pour autant une vie ascétique. Je bois, je mange. D’ailleurs j’aime dire que je cours pour pouvoir manger. Avec les ultra, je consomme beaucoup de calories. Et ça se ressent tout de suite dès que je réduis le volume d’entraînement, car les habitudes alimentaires restent… En période pré compétitive, vous pouvez m’inviter en soirée, je m’amuserai mais il y a des chances que je ne touche ni aux boissons, ni aux biscuits apéritifs! (allez, peut-être les tomates cerises si elles sont de saison!) ;-P

Tu as participé à de nombreux défis sportifs. Qu’est-ce qui te motive à aller toujours plus loin ?

J’aime l’idée de repousser ses limites, sans jamais les dépasser au risque de se faire mal. Avec le sport, il n’est pas possible de tricher. Il faut travailler pour réussir. Ce travail doit être réfléchi. Il ne suffit pas d’enfiler sa vieille paire de baskets et de courir comme un dératé jusqu’à épuisement. C’est l’échec assuré. Il faut planifier, préparer, ajuster. C’est ce que je trouve intéressant dans une préparation, que j’aime faire pour moi et les autres. Et mes coureurs comprennent l’intérêt d’avoir un coach.

Le défi sportif est jouissif car, généralement, au départ, je me demande souvent si je vais être capable d’aller au bout, mais je m’y prépare en connaissant mes capacités et mes axes de progression. Le jour J, je doute encore. Mais je me rassure en repensant à tout l’entraînement et le travail accompli. Et quand la ligne d’arrivée est franchie, le fait de réussir ce défi après tout ce travail donne encore plus de saveur à cette réussite!

Quel a été ton plus beau défi ?

Dur d’en choisir un. Entre le Marathon des Sables en 2019, les 2 jours à courir dans mon jardin pour collecter des fonds pour la Fondation du Souffle pendant le confinement en avril 2021, ou être le premier à faire le Tour du Bassin d’Arcachon à la nage et en courant, c’est finalement l’UTMB qui ressort pour des raisons personnelles. Le premier motif est la mise en place de ma participation. Je me souviens quand j’ai découvert l’UTMB, je n’avais pas encore participé à mon 1er marathon et je trouvais ça fou de faire 170km et 10000m de dénivelé non stop autour du plus haut sommet européen. Mais progressivement, mes capacités se sont développées et j’ai finalement envisagé d’y participer. Mais j’ai pris le temps pour me préparer et 3 ans après, je m’alignais sur le départ de cette course mythique. 

La deuxième raison est que tout ne s’est pas passé comme prévu sur cette course. Alors que j’avais fait une superbe préparation sur les 8 mois qui précédaient, j’ai attrapé le SMV, une maladie contagieuse qui a touché mes reins et mon foie deux semaines avant le départ. Le jour J, je n’avais pas d’énergie. Et je me suis arrêté après 20km de course. Finalement, j’ai pu prendre le départ l’année suivante, en 2017, une édition où nous avons connu neige, grêle, des passage à -10 degrés, de la boue et de la pluie. Mais quel plaisir d’arriver au bout!

Avais-tu réalisé une préparation mentale et physique spécifique ?

J’ai naturellement un mental de guerrier, qui s’appuie aussi sur ma capacité à planifier une préparation mais aussi à me connaître. Je suis beaucoup à l’écoute des signaux de mon corps, ce qui permet d’adapter ma préparation en fonction de ma forme, des tests physiques et donc augmenter ou diminuer la charge quand j’en ai besoin. Cela permet de progresser en évitant le surentraînement. Etant coach, je fais moi-même mes programmes d’entraînement comme je le fais pour les coureurs que j’encadre.

Tes défis durent parfois plusieurs jours… Comment fais-tu pour gérer la fatigue ?

La première chose est d’arriver le jour de la compétition avec le moins de dette de sommeil possible. Car si on ne peut pas faire le plein de sommeil, accumuler la fatigue n’aidera pas dans la gestion du sommeil. Je dors en général, en fonction de mes volumes d’entraînement, 8 à 10h par nuit. Parfois, j’ajoute des siestes de 20min après le déjeuner. C’est primordial pour aider le corps à récupérer et à surcompenser.

Ta charge d’entraînement est importante. As-tu des conseils pour bien récupérer ?

La première chose est d’avoir un programme d’entraînement adapté et progressif. Sinon, on peut mettre les meilleurs protocoles de récupération en face, on fonce droit dans le mur, c’est surentraînement assuré. Donc, il faut travailler qualitativement, et ne pas en faire trop.

Ensuite, en phase de récupération, je fais attention à mon alimentation, à ce que je mange, en veillant à avoir un apport régulier en macronutriments (l’ultratraileur consomme beaucoup d’énergie), en micronutriments, et à l’équilibre acido-basique. Je prends des compléments alimentaires, notamment de la vitamine D tout l’hiver, de la spiruline au petit déjeuner, et du magnésium. Ce sont tous ces matériaux qui permettent à l’organisme de se reconstruire plus fort, donc meilleure est la qualité de l’alimentation, meilleure est la récupération. Je bois aussi beaucoup.

Je fais également des étirements tous les soirs avant de me coucher. Je mets en place une routine que je change régulièrement (le corps s’habitue sinon). Une fois par semaine, j’utilise les rouleaux de massage. Et quand je suis dans un période de forte charge, ma femme me masse les jambes avec de l’huile de massage à l’arnica. J’intègre aussi des bains d’eau glacée juste après certaines séances assez longues et difficiles, ou après une course intermédiaire.

Tu ne t’es jamais blessé alors qu’un runner sur deux se blesse chaque année. Quel est ton secret ?

Je me suis blessé récemment… en jouant au foot avec mon fils. Entorse. Mais je touche du bois, j’ai la chance de ne pas me blesser. Je pense que le secret réside dans le fait d’écouter son corps. Si j’ai une douleur à un endroit, j’essaie d’en comprendre la cause et de ne pas forcer. Il m’est déjà arrivé de faire demi-tour après 2km car je sentais une douleur au tendon, ou au genou. Dans ce cas, je m’octroie du repos, je vais voir mon ostéo ou mon kiné. Et 3 jours plus tard, c’est reparti.

Le second secret, c’est vraiment d’avoir un programme progressif, de prendre le temps de se préparer. Aujourd’hui, les gens que j’entraîne se blessent beaucoup moins (seuls 12% des coureurs se sont blessés). Cela s’explique à mon sens par rapport à ces 2 secrets: le programme que je leur fait est progressif et nous prenons le temps chaque semaine de savoir si il y a des bobos ou des gênes qui se sont réveillées pendant la semaine. Si c’est le cas, je les renvoie vers les professionnels de santé compétents.

Aurais-tu quelques conseils pour les runners qui veulent progresser ?

Faites appel à un coach. Au foot, au tennis, ou tout autre sport, c’est avec un professionnel qu’on progresse le mieux. Ecouter Pierre qui a fait du sport quand il était jeune ou Mélanie qui est ultratraileuse ne veut pas dire que ces personnes sont compétentes pour vous donner les bons conseils. Il faut avant tout un coach à votre écoute, qui saura adapter le plan à vos capacités, vos ressentis et vos évolutions. Les plans d’entraînement universels ne fonctionnent pas malheureusement et expliquent généralement le nombre important de blessure chez les coureurs.

Comment restez-vous motivés (toi et tes athlètes) en l’absence de courses ?

C’est très dur de rester motivé. J’avais des défis sportifs en préparation, mais le couvre-feu m’a empêché de les réaliser. Donc la motivation à s’entraîner dur disparait, mais le plaisir de courir est toujours là. J’enfile les baskets et je vais courir à l’envie. Beaucoup des coureurs que je coachais ont mis entre parenthèse leur entraînement avec moi depuis le confinement. Mais ils reviendront dès que les dossards pourront être à nouveau épinglés. Ceux que je coache actuellement sont des ultratraileurs qui préparent des courses comme l’UTMB en août prochain ou la Diagonale des fous en octobre.

Pourquoi avoir accepté d’être ambassadeur des #42 Healthy Running Days ?

Trop souvent, et pas seulement dans le runnning, on pense que le sport c’est “No pain, non gain”. Pour performer, il faut s’entraîner dur oui, mais pas n’importe comment. Il faut savoir aussi courir tranquillement, laisser le corps se reposer, fournir au corps une alimentation saine, savoir s’écouter et ne pas essayer en force. Malheureusement, ces aspects là ne sont pas suffisamment mis en évidence. De plus, le médecin généraliste qui n’a aucune formation dans le domaine sportif, est le premier interlocuteur santé qu’on va consulter quand on se blesse et ne prodigue pas toujours les bons conseils aux personnes qui pratiquent le sport (arrêter l’entraînement alors qu’il est possible de poursuivre dans certaines conditions, donner des médicaments alors qu’il serait plus judicieux de consulter un diététicien, voire nutritionniste). Bref, en étant ambassadeur, j’espère pouvoir participer à véhiculer cette culture de bonne pratique sportive, saine et durable.

Comme je dis souvent à mes coachés, nous construisons actuellement nos conditions de vie de retraités. Alors, comment voulez-vous passer votre retraite?

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