Améliorez votre mobilité au quotidien avec Camille Bruyas
Connaissez-vous Camille Bruyas ? Originaire des Monts du Lyonnais, elle possède un palmarès extraordinaire en trail avec de nombreux podiums sur la CCC, la SaintéLyon, le Trail de Bourbon, l’UT4M… Mais cette athlète de haut niveau est également kinésithérapeute dans la vie. Dans le cadre de la semaine de la mobilité des #42 Healthy Running Days, elle nous partage ses secrets pour rester en forme au quotidien.
Qu’est-ce que la mobilité et pourquoi réaliser des exercices de mobilité ?
La mobilité peut s’entendre de deux manières. Cela peut-être des exercices physiques, d’assouplissement, de mobilité articulaire, mais on parle également de moblilité quand on bouge et se déplace.
Quelles sont les recommandations concernant l’activité physique au quotidien ?
On a une vie sédentaire quand on fait moins de 30 minutes d’activité physique (que ce soit de la marche, de la course ou toute activité permettant de se dépenser et de bouger) par jour. Vous pouvez faire l’activité que vous souhaitez, même monter les escaliers, mais cela doit représenter au moins une trentaine de minutes au quotidien.
Une vie sédentaire peut-elle engendrer des problèmes de santé ?
Une vie trop séndentaire va entraîner tout un tas de conséquences sur le long terme. Si on a aucune activité pendant un mois, cela ne sera pas trop délétère mais sur les années qui durent, il y a des conséquences importantes. Cela peut entraîner de nombreuses maladies telles que les maladies cardio-vasculaires, des maladies articulaires ou rhumatismales. On pense souvent aux maladies cardio-vasculaires mais c’est bien plus vaste que ça.
Si je cours 2 ou 3 fois par semaine, est-ce suffisant ?
Si vous travaillez sur une chaise, assis toute la journée ou si vous avez un travail très physique (ex: dans le bâtiment), vous ne vous dépenserez pas de la même manière. Dans ce cas, deux ou trois footing (tout dépend de la durée et de l’intensité qu’on y met), c’est très bien. Il faut se fixer des objectifs. A côté, il faut tous les jours faire au moins 30 minutes d’assouplissements ou de marche.
Un sportif de haut niveau quant à lui tournera plus autour de 15 à 20 heures d’entraînement par semaine, ce qui n’est pas énorme par rapport aux cyclistes pro’ qui font facilement 40 heures. Quand on a un travail à côté, je conseille quand même de garder deux jours de repos complet, sans sport. Il ne faut pas trop en faire non plus.
Avec le télétravail, on passe davantage de temps à son poste de travail. Quels sont tes conseils pour continuer à bouger ?
Le télétravail a augmenté la sédentarité. A côté de ça, les courses sont annulées. Il y a un virus mais il y a aussi toute une partie de la population qui est en danger en se sédentarisant. Elle est à la maison et fait beaucoup moins d’activité.
Si vous ne marchez plus pour aller travailler, allez marcher 30 minutes le matin ou le soir en bas de chez vous. S’il y a des escaliers, prenez-les et faites des montées/descentes plusieurs fois par jour. Vous pouvez également faire des exercices de mobilité sur votre chaise [à retrouver pendant toute la semaine des la mobilité des #42 Healthy Running Days sur l’application Running Care et les réseaux sociaux]. Intégrez dans votre journée de travail plein de petits exercices. C’est cette répétition de petites choses qui vous permettront de limiter le manque d’exercice. Il vaut mieux 15 minutes tous les jours plutôt qu’une heure par semaine.
Y-a-t-il des moments propices pour réaliser des exercices de mobilité ?
Personnellement, je fais beaucoup de yoga et surtout le matin. Parfois, on est un peu plus raide le matin. Tout dépend de l’organisation de votre journée. Il n’y a pas de préférence tant que vous le faites 😉 Le yoga permet de travailler la respiration, le renforcement musculaire des muscles profonds, l’équilibre, les étirements, la prise de conscience de ses propores raideurs… c’est un bon compromis.
Une routine est bénéfique. Le corps va s’adapter à votre routine et va être demandeur. Si vous créez cette demande du corps, moins vous oublierez de faire vos exercices et plus vous en aurez besoin. Si vous avez une routine de trois exercices de mobilité à faire tous les jours (ce que je conseille à mes patients), c’est très bénéfique même si on manque un jour ou deux. Cela ne prend que 10 à 15 minutes. Ces minutes cumulées dans le mois feront de précieuses heures.
Existe-t-il du matériel adapté pour nous aider à faire des exercices de mobilité ou suivre son activité au quotidien ?
Il existe du matériel pour faire ses exercices de mobilité (tapis, foam roller…) mais vous n’avez pas besoin d’un super tapis pour faire votre gainage. Vous avez en réalité besoin de très peu de matériel, à adapter en fonction des exercices à réaliser.
Personnellement, j’ai une montre Suunto qui me permet de connaître mon kilométrage hebdomadaire (pour ne pas trop en faire) mais pour certaines personnes, cela va les motiver de savoir combien de kilomètre ou dénivelé ils ont fait. Sur l’application Suunto, il y a aussi un calendrier qui répertorie toutes les activité réalisées dans le mois. J’y ajoute mes séances de yoga. Je sais donc combien d’heures de yoga j’ai fait dans le mois. Si je suis moins en forme, cela me permet d’avoir un oeil sur la quantité d’activité réalisée (si j’ai fait moins de yoga, plus d’intensité…).
Si je travaille ma mobilité, vais-je performer davantage en course à pied ?
Il n’y a pas d’étude scientifique qui prouve ceci mais j’en suis la première convaincue avec le yoga. La course à pied enraidit énormément à cause des impacts, chocs et mouvements répétitifs. Je trouve donc bien de travailler sa mobilité articulaire pour prévenir les blessures. On peut imaginer travailler son amplitude articulaire pour travailler sa foulée. Avec des prises de conscience de sa mobilité, on va arriver après en courant à avoir plus conscience de la manière dont on court.
Le travail de mobilité permet-il d’éviter les blessures ?
Oui, comme je l’ai évoqué précédemment, cela joue sur la prévention des blessures. Cela ne se voit pas forcément le jour J. Si vous faites une semaine de mobilité et d’étirements, ce n’est pas pour ça que vous n’allez pas vous blesser pendant un an. C’est un travail qui doit être régulier. Il faut être patient et persévérant. On ne voit pas forcément les effets tout de suite mais a posteriori on va remarquer que les blessures diminuent. On va garder ses amplitudes articulaires, voir que la fibre musculaire est plus adaptable. C’est très intéressant sur la prévention des blessures.

Mauraine est docteur en psychologie cognitive et psychologie du sport. Son travail porte sur l’étude des facteurs psychologiques et cognitifs prédisant l’occurrence des blessures chez les coureurs.