Frédéric Fauquenoi

Conseils de Frédéric Fauquenoi, kiné du sport pour l’équipe de France d’athlétisme

Frédéric Fauquenoi est kinésithérapeute depuis 1988. Ancien athlète lui-même, il a eu à cœur de suivre très rapidement les athlètes au sein de son club, puis de sa région et enfin à partir de 2003 au niveau national et international. Installé en cabinet libéral depuis 1990 et ostéopathe depuis 2008, il a eu la chance de parcourir le Monde avec sa table, et est également attaché à l’Equipe de France d’athlétisme.

Découvrez avec nous le rôle du kinésithérapeuthe du sport et ostéopathe auprès des athlètes (de haut niveau) en course à pied.

1. Quelle est la différence entre un kiné et un kiné du sport ? Pourquoi avoir choisi cette spécialisation ?

Ancien coureur de 1500m puis de marathon, j’ai forcement choisi ce métier dans le but d’accompagner les sportifs. Le kiné du sport a une approche dans l’optimisation de la performance, la prévention des blessures ainsi que la récupération.

2. Un kiné est-il forcément ostéopathe ? Quelle est la différence ?

Le kinésithérapeute agit sur prescription médicale. Sur une série de séances, il mobilisera de manière passive puis active les régions douloureuses par des mobilisations, des massages, des étirements… Il vous proposera un programme d’exercices adaptés à votre pathologie et à son évolution.

L’ostéopathe agit de manière plus ponctuelle sans prescription médicale. Il a une vision plus globale du corps. Il s’attache à rendre l’équilibre entre différentes parties du corps, s’intéresse au système crânien et viscéral. Un kiné peut devenir ostéopathe dans le cadre de sa formation continue mais on peut suivre une formation d’ostéopathe également post-bac.

3. Comment choisir un bon kiné ?

Un bon kiné établit un bilan. Il a le sens de l’écoute et de la bienveillance. Il doit pouvoir vous rassurer en fixant des objectifs atteignables. Un bon kiné du sport est en lien avec le terrain, en relation avec l’entraineur ou a une capacité à évaluer une charge d’entrainement. Dans le domaine du running, certains kinés se forment plus spécifiquement aux pathologies du running. 

4. On voit souvent les kinés réaliser des massages aux athlètes. A quoi servent-ils vraiment ?

Ces massages sont essentiellement à visée de récupération permettant d’assouplir le tissu musculaire, faciliter un meilleur retour veineux et une bonne élimination des déchets liés à l’activité physique. Même si les preuves scientifiques sont maigres, le ressenti du sportif est toujours extrêmement positif.

5. Quelles sont les blessures de running que vous voyez le plus souvent en cabinet ?

Tout dépend du niveau du sportif. Chez le Runner débutant on retrouvera fréquemment des douleurs de genou ou périostites par augmentation trop rapide du volume d’entrainement. Chez l’athlète confirmé, des pathologies de tendon d’achille ou blessures musculaires liées à l’intensité de l’entrainement. Il faut savoir que chaque année, 1 coureur sur 2 sera amené à se blesser, sans pour autant consulter.

6. Quand doit-on aller voir un kiné ? Phase de prévention, rééducation, réathlétisation ?

Pour ne pas vous le cacher, la majorité des patients que nous voyons en kiné viennent avec une problématique de douleur. Il est rare de les avoir en prévention. Seuls les athlètes de haut niveau nous consultent en prévention, leur objectif étant de ne pas se blesser. 

7. Utilisez-vous du matériel spécifique pour les runners (pressothérapie, massage par vibration…)?

En terme de physiothérapie, il y a beaucoup d’effets de mode au-delà des preuves scientifiques. On est passé des ultra-sons au laser, de l’électrothérapie aux ondes de choc, des immersions en bain glacé à la cryothérapie corps entier. Je vous avoue que la técarthérapie a changé mon approche, permettant de faciliter la cicatrisation et la récupération tissulaire. Nos mains restent un atout majeur.

8. Si les runners devaient investir dans un matériel santé, lequel serait-il ?

Tout dépend du niveau d’investissement souhaité. Cela peut aller du roller-form aux cannes d’auto-massage pour faciliter le relâchement musculaire jusqu’aux bottes de compressions facilitant le drainage veineux. Pour le renforcement, les exercices à résistance progressive avec élastiques est un bon investissement dans le but de faire des exercices spécifiques pour renforcer les fessiers, les muscles des chevilles et des pieds.

9. Quelle sont les bonnes pratiques à adopter pour éviter de se blesser en course à pied ?

Sans hésiter une pratique raisonnée respectant une progression tant sur le plan des volumes que des intensités de course. La majorité des blessures se retrouvent dans le plan d’entrainement. Ensuite, il faut renforcer régulièrement les groupes musculaires, mais aussi apprendre à courir en effectuant des gammes de mouvements tels que les exercices de pied pour améliorer le schéma de course.

10. Peut-on solutionner toutes les blessures de running en allant voir un kiné ?

Bien sûr. Il est en capacité de vous proposer des exercices de renforcement, de mobilité ou d’étirement afin d’améliorer votre schéma de course. Il aura de précieux conseils à vous dévoiler afin de mieux comprendre votre corps, de déceler les premiers signes d’alerte. Mais il peut s’allier des services de l’ostéopathe ou du podologue afin de solutionner des problèmes posturaux.

11. Comment accompagnez-vous les patients qui ne peuvent pas venir en consultation plusieurs fois par semaine ? Les accompagnez-vous sur l’auto-rééducation à domicile en complément des soins en cabinet ?

En leur proposant des programmes d’exercices adaptés. La grosse problématique des kinésithérapeutes du sport est de motiver leurs patients à faire des exercices en complément de ses séances de course à pied.

12. Y-a-t-il des différences entre les patients runners et les autres types de sportifs ?

Rires … Tous les sportifs sont des impatients. Ils ne supportent pas l’arrêt sportif. Ils apprécient la programmation physique en fonction de la localisation et l’intensité de la blessure. On privilégiera parfois des sport à plus faible impact comme la natation, le vélo, le rameur, ou le vélo elliptique afin de ne pas mettre à l’arrêt sportif systématiquement. Dans certaines pathologies comme la tendinopathie d’Achille on empêchera pas de courir, mais on évitera les hautes intensités ou la course en côte. Chez le traileur avec un syndrome de l’essuie-glace, on lui demandera d’éviter les descentes sans pour autant arrêter la course à pied. Tout est question d’adaptation. 

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