Douleur au genou : et si c’était une tendinopathie du poplité ?
Vous avez peut-être déjà ressenti une douleur derrière le genou, plutôt à l’extérieur. Il peut s’agir du ménisque, oui. Mais s’il s’agissait plutôt d’une tendinopathie du poplité ?
Contexte de survenue de la tendinopathie du poplité
La tendinopathie du poplité est peu connue malgré le fait que son atteinte ne soit pas rare. Dans les études, elle est plutôt retrouvée dans les activités de marche, de course à pied ou de triathlon [1,2].
Le diagnostic ne sera posé par votre médecin qu’après avoir éliminé les autres causes de douleur de la face externe du genou mettant en jeu : le ligament latéral externe, le tenseur du fascia lata, la corne postérieure du ménisque externe et l’articulation péronéo-tibiale supérieure [4].
Le muscle poplité, anatomie et fonction :
Petit rappel d’anatomie autour de la région poplitée [5]
Le muscle poplité est situé derrière le genou. Son corps musculaire est de forme triangulaire. Il se termine d’une manière complexe en trois insertions, dont une principale sur le fémur (sur la la fossette ovoïde du condyle externe).
Rôle du muscle poplité
La biomécanique de ce tendon est essentielle à la course à pied lors du déroulement de la foulée.
Lors de la phase de propulsion en course à pied, le poplité joue plusieurs rôles. Il permet d’amorcer la flexion du genou et de donner une direction particulière au tibia permettant le passage du pas (à titre informatif : il positionne le tibia en rotation interne) [5].
Lors de la phase de suspension et de réception, il doit stabiliser la position du tibia. En effet quand la jambe est en extension, le tibia a tendance à se tourner vers l’extérieur [5]. Il exerce ce rôle stabilisateur surtout dans une secteur de flexion de 30° à 45° [4].
Facteurs favoristants [5]
Cette pathologie est favorisée par :
- la nature du sol (asphalte) ;
- la course en dévers (les bords de route, la plage…) ;
- le talonnage en course (quand le coureur “claque” fort les talons) ;
- les pieds en canard lors d’hyper-rotation externe de la jambe ;
- le recurvatum ++ (position du genou en hyperextension)
Les signes de tendinopathie du poplité
Symptômes ressentis par le coureur [4]
Le coureur présente une douleur à la face postéro-externe du genou au bout de quelques kilomètres sans notion traumatique.
La douleur est majorée lors de la course en descente.
Signes cliniques retrouvés par le médecin [4]
L’examen clinique du médecin permet de rechercher :
– test du tendon poplité en position debout (voir image) : le sujet place son pied au sol tourné vers l’extérieur, avec un genou fléchi à 60°. L’examinateur pousse le genou vers l’intérieur en appliquant une force à la partie externe du genou. Le runner doit résister à cette force en contractant son muscle poplité, ce qui déclenche la douleur.
– test d’étirement du tendon poplité ou test du tabouret (voir image): le sujet pose son talon sur un tabouret avec le pied tourné vers l’extérieur. L’examinateur exagère la rotation externe de la jambe et exerce à la partie médiale du le genou appliquée une force dirigée vers l’extérieur.
– à la palpation : un point douloureux à la partie basse et externe du fémur est retrouvé en arrière du tenseur du fascia lata
Examens complémentaires [5]
– La radiographie n’a que peu d’intérêt sinon pour le diagnostic différentiel.
– L’échographie montre le plus souvent un épaississement hypo-échogène au niveau de la fossette condylienne.
– L’IRM peut être contributive mais l’échographie suffit le plus souvent.
Traitement de la tendinopathie du poplité
Le traitement est médical et comporte plusieurs axes [7]:
- traitement antalgique : anti-inflammatoires par voie locale et générale, cryothérapie
- repos sportif relatif (pas complet)
- prise en charge kinésithérapeutique : massages transversaux profonds, physiothérapie, ultrasons et surtout sur travail d’étirement et de sollicitation excentrique de ce tendon poplité [5]
- immobilisation par une contention élastique adaptée
- infiltrations prudentes de corticoïdes au niveau de la zone douloureuse
Il faudra surtout penser à adapter la pratique de la course à pied comme le choix du terrain.
Un bilan chez le podologue peut parfois également être nécessaire [5].
Après la guérison, il faut d’emblée penser à la prévention [8]. En effet, la prévention permet de limiter les risques de tendinite du poplité notamment chez les coureurs à pied : sport le plus exposé. Attention à l’excès d’entraînement.
La tendinopathie du tendon poplité mérite donc d’être connue, surtout chez le coureur qui est le plus exposé. Ce petit muscle est d’une grande importance à chacune de vos foulées. Le rôle de la prévention une fois encore n’est pas à discuter pour éviter d’être blessé.
Bibliographie
[1] Davis M, Newsam CJ, Perry J. Electromyograph analysis of the popliteus muscle in level and downhill walking. Clin Orthop Relat Res. 1995;(310):211–7.
[2] Mayfield GW. Popliteus tendon tenosynovitis. Am J Sports Med. 1977;5(1):31–6.
[3] WR Olson and L Rechkemmer (1993) Popliteus tendinitis. Journal of the American Podiatric Medical Association: September 1993, Vol. 83, No. 9, pp. 537-540.
[4] Chanussot J-C, Danowski R-G. Traumatologie du sport. Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine): Elsevier Masson; 2012.
[5] https://www.lamedecinedusport.com/traumatologie/tendinopathies-de-la-face-posterieure-du-genou/
[6] http://orthopedie.proteor.fr/article,1984-le-recurvatum-du-genou-mise-au-point.php
[7] https://www.orthopedie-paris-nord.fr/pathologies-traitees/sport/tendinopathie-poplite/
[8] http://www.genou-douloureux.com/pdf/tendinite-poplite.pdf
Un article rédigé par :
Pauline Six – Médecin du sport

Pauline est Médecin du sport. Elle est spécialisée dans la rééducation des athlètes (du diagnostic initial à la réathlétisation).