Plasma riche en plaquettes – une révolution pour guérir vos blessures ?
Le plasma riche en plaquettes, retrouvé dans les études sous la forme abrégée de « PRP » est une nouvelle stratégie thérapeutique. Ils ont été pour la première fois utilisés en chirurgie maxillo-faciale. Ils sont désormais utilisés depuis une dizaine d’années en médecine du sport. L’utilisation de PRP par des sportifs de renom tels que Tiger Woods ou Rafael Nadal a contribué à la médiatisation importante de cette nouvelle biothérapie [1]. Cette nouvelle option thérapeutique a également suscité les problématiques de dopage.
Mais de quoi parle-t-on au juste ?
A quoi servent les plaquettes ?
Les plaquettes sont de petites cellules sanguines. Elles sont le lieu de facteurs de la coagulation, ce qui nous intéresse en médecine du sport puis cela permet la réparation des tissus.
En effet l’ensemble de ces facteurs de croissance permet [2]:
– de stimuler la cicatrisation d’un tendon fissuré,
– de stimuler la synthèse du collagène et
– d’activer les chondrocytes au niveau articulaire et de procéder à la réparation d’une déchirure musculaire
PRP : dopage et réglementation [2]
Comme le PRP contient des facteurs de croissance, l’Agence Mondiale Anti-dopage s’est d’abord positionnée, en accord avec la conférence de consensus du CIO de 2007, contre les injections par voie intramusculaire, et pour la nécessité d’une déclaration d’usage dans tous les autres cas (liste 2009).
Cette technique utilisant le propre sang du patient, il n’y a pas de risque allergique. Le caractère autologue (qui vient du patient) du plasma riche en plaquettes lui confère une parfaite biocompatibilité, sans risque de transmission d’agents pathogènes.
Aujourd’hui les PRP sont autorisés.
Cependant, la caisse d’assurance maladie ne rembourse pas cette technique d’injection. Ces injections peuvent coûter au patient jusqu’à 1000 euros par injection. De plus, il faut parfois plusieurs injections pour obtenir la guérison. Le prix est donc une véritable barrière aujourd’hui.
Comment obient-on les PRP ?
Le Plasma riche en plaquettes est obtenu à partir d’une simple prise de sang, réalisée dans un environnement stérile permettant la suite de la procédure.
Le sang prélevé est ensuite introduit dans une centrifugeuse qui permet de séparer les différents éléments du sang. Pour faire assez simple, la centrifugation permet de faire tomber les éléments « lourds » (principalement les globules rouges) au fond du tube et d’obtenir en superficie les éléments légers (le plasma). Cette étape dure environ 5 minutes. La vitesse de centrifugation est environ à 1500 tours/min. Ce paramètre diffère d’une école à une autre et c’est ce qui fait, entre autres paramètres, la complexité de parler d’un PRP unique. En effet il n’existe pas une seule « recette » de PRP. Chaque école va choisir des paramètres légèrement différents. Cela explique qu’il est difficile de comparer de manière robuste leur efficacité dans les études scientifiques.
Ensuite grâce une seringue spéciale (une double seringue), on récupère la partie haute du tube (en jaune sur l’image). Il s’agit du plasma riche en plaquettes. On peut tout de suite noter que le prix de cette seringue particulière est cher.
Il existe des débats scientifiques quant à l’intégration dans le mélange de la partie « blanche » contenant les globules blancs. Certaines études sont plutôt pour leur intégration, mais la majorité est plutôt contre. Ce qui participe encore à la complexité de parler d’un PRP unique.
Ré-injection du PRP
Après cette étape de centrifugation, on peut injecter cette préparation au patient au niveau de sa blessure (lésion musculaire ou tendineuse principalement).
Lors de cette étape, on ne peut pas utiliser d’anesthésie locale, ce qui est important à savoir pour le sportif ! En effet, les anesthésiques empêchent le bon fonctionnement des plaquettes [4]. Ceux-ci rendraient donc le produit inefficace …
On peut utiliser du MEOPA (gaz utilisé également pour les enfants notamment aux urgences pour réaliser de petits gestes techniques comme des sutures de plaies) pendant la procédure.
Il est également recommandé de faire l’injection sous contrôle échographique.
Les anti-inflammatoires sont contre-indiqués 15 jours avant et 15 jours après. En effet, les anti-inflammatoires limitent également l’action des plaquettes.
Complications
Le risque le plus fréquemment rencontré est la douleur au niveau du site d’injection. En effet, comme nous l’avons vu plus haut, les anesthésiques ne sont pas autorisés pour la procédure. L’apparition d’une douleur est toujours licite. Une prescription d’antalgiques simples permettra de soulager le sportif. Ensuite, il conviendra d’appliquer de façon pluriquotidienne de la glace pendant 20 minutes environ.
Les risques sont liés à tout type d’infiltration comme l’infection qui est relativement rare, l’hématome, les calcifications. Ainsi, toute anomalie, douleur, fièvre ou symptôme inhabituel doit être signalé au médecin le plus rapidement possible.
Résultats d’études scientifiques
Les patients consultant les services de médecine du sport désirent un retour rapide à leur niveau de performance précédant la blessure. Le PRP peut ainsi, dans certaines indications leur permettre cette guérison rapide, en particulier sur des lésions localisées aux tendons, ligaments, muscles et cartilages.
Les études scientifiques ont principalement été réalisées au niveau des membres inférieurs.
Les études sur le tendon patellaire (tendon rotulien) montrent des résultats encourageants. Il en est de même pour le tendon calcanéen.
Le traitement par PRP est également mis à l’étude pour l’arthrose du genou. Les injections de PRP semblent être un traitement alternatif et innovant pour le traitement de ces lésions cartilagineuses. Des essais cliniques sont en cours pour valider ces premières données.
Ce traitement a également été étudié pour les lésions musculaires, notamment celles des ischio-jambiers. Des résultats robustes n’ont pas encore vu le jour.
Conclusion
Le plasma riche en plaquettes est un produit prometteur. Son utilisation dans les lésions des tendons et des ligaments semble être une option thérapeutique intéressante. Toutefois, le manque d’études cliniques et l’absence de standardisation des méthodes de préparation pour définir la composition exacte du produit empêchent d’établir des recommandations globales d’utilisation. Le PRP doit rester un produit de seconde ligne devant des pathologies réfractaires aux traitements classiques. Le prix reste un des principaux freins.
Bibliographie
[1] https://www.lamedecinedusport.com/specialites/le-plasma-riche-en-plaquettes-en-2011-mise-au-point/
[3] Impact of local anaesthetics and needle calibres used for painless PRP injections on platelet functionality.
Un article rédigé par :
Pauline Six – Médecin du sport

Pauline est Médecin du sport. Elle est spécialisée dans la rééducation des athlètes (du diagnostic initial à la réathlétisation).